Plusieurs milliers de lycéens se sont rassemblés à Paris cet après-midi pour protester contre les suppressions de postes d'enseignants. Une nouvelle manifestation doit avoir lieu mardi.
Si les enseignants et quelques rares parents sont bien présents dans le cortège, les lycéens forment le gros des troupes, regroupés derrière les bannières aux noms de leurs «lycées en lutte». Ce mois-ci, la plupart d'entre eux ont déjà participé à la manifestation du 18 mars aux côtés de leurs profs et, localement, à des rassemblements devant leur rectorat ou leur préfecture et au blocage de leur lycée. Ceux-là se défendent d'être venus «pour sécher»«ceux qui viennent sans même savoir qui est Darcos». Ils connaissent sur le bout des doigts le nombre de postes supprimés dans leur lycée et dans leur académie (8.830 postes dans les collèges et lycées au plan national).
«Les suppressions de postes vont nous affecter dès l'année prochaine, c'est du concret, explique Cindy, en première ES au lycée Jean Macé de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Les classes sont déjà surchargées et ils trouvent quand même le moyen de nous supprimer sept postes et de fusionner les sections ES et L sous prétexte de faire des économies.»
Catherine, en seconde au lycée Galilée de Cergy (Val d'Oise), s'inquiète moins du nombre de postes que de «la tendance à refuser tous les redoublements pour réorienter tout le monde dans le technique. Moi je veux pas finir en CAP esthéticienne, je veux choisir».
«Les profs nous informent, on décide»
Soucieux de ne pas paraître instrumentalisés par leurs enseignants, les lycéens se disent «responsables», «conscients des enjeux». Stéphane et Florent, en BEP électrotechnique et BTS maintenance industrielle à Jean Macé: «Les profs nous informent, mais on décide par nous-mêmes.
Dans le cortège, les enseignants, plutôt en retrait, ne disent pas autre chose. «Nous avons enclenché le mouvement, informé, mais ce sont maintenant les élèves qui prennent le relais et cherchent à mobiliser. C'est particulièrement vrai en banlieue, où les problèmes sont les plus criants», résume une prof d'allemand de Drancy, où un lycée a été dégradé à plusieurs reprises cette semaine par une cinquantaine de jeunes venus de Bobigny, encagoulés pour certains. Un débordement qui pourrait en annoncer d'autres? Pour l'enseignante, l'incident est marginal: «Il faut bien distinguer ces quelques élèves perturbateurs, des autres, majoritaires, bien informés et qui croient en leur mouvement». Des policiers ont néanmoins été postés ces derniers jours aux abords de quelques lycées de Seine-saint-Denis pour prévenir tout dérapage.
A entendre les lycéens, le risque d'embrasement est faible. Certains, échaudés par la mobilisation anti-CPE, veulent voir dans la contestation actuelle un mouvement «plus soft que le CPE parce que mieux expliqué et mieux encadré». «Quand on s'est rassemblés devant la préfecture il y a quelques jours, il y a eu un début de bagarre provoquée par des jeunes venus juste pour mettre le bordel, raconte Habib, en BEP à Saint-Ouen-l'Aumône (Val d'Oise). On les a contrôlés immédiatement. On sait que si on paraît divisés ou pas sérieux, on est foutus».
Alors qu'une nouvelle manifestation nationale est prévue pour mardi, plusieurs occupations de lycées sont attendues pour la nuit de jeudi à vendredi en région parisienne.