Le gouvernement veille sur ses ministres et surveille l'opinion. Après l'appel d'offre du SIG, c'est maintenant le Ministère de l'Education qui piste sur Internet tout ce qui pourrait constituer un "risque opinion". Objectif : détecter les "lanceurs d'alerte", anticiper les effets de "contagion", et limiter les crises "dans lesquelles les ministères se trouveraient impliqués".
Le Ministère de l'Education Nationale de Xavier Darcos vient de publier un appel d'offre commun avec le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, d'une valeur totale de 220 000 euros. L'objectif affiché est l'identification des sources d'information et des lieux de débats, sur Internet, qui peuvent constituer un "risque opinion" et provoquer des crises impliquant les ministères. "Clé de voûte" du dispositif, le passage en "mode alerte" qui permettra aux autorités de localiser les sources de troubles et d'identifier les crises potentielles avant même qu'elles surgissent. C'est le deuxième appel d'offre révélé en dix jours. Le premier émanait du Service d'Information du Gouvernement (SIG) qui souhaite surveiller tout ce qui se dit et s'écrit au sujet du gouvernement sur les sites en ligne.
Risque d'opinion et anticipation des crises
Les médias concernés sont les blogs, les sites des syndicats ou des partis politiques, les sites militants d'associations et les leaders d'opinions, les lanceurs d'alerte. En bref, les "sources stratégiques ou structurant l'opinion". Les médias traditionnels sont aussi concernés, mais l'appel d'offre se contente de les évoquer globalement, sans autre détail, comme s'ils constituaient un seul et unique bloc, comme s'ils ne constituaient pas un "risque" particulier. L'effet "Grenelle de l'Information", peut-être ?
Dans le but d'"anticiper et évaluer les risques de contagion et de crise", le prestataire devra aussi utiliser toutes les informations "qui préfigurent un débat, un «risque opinion» potentiel, une crise ou tout temps fort à venir dans lesquels les ministères se trouveraient impliqués". Avec un égard particulier pour les "vidéos, pétitions en ligne, appels à démission, [qui] doivent être suivis avec une attention particulière et signalées en temps réel"...
En résumé, il s'agit de pister les embryons de débats qui constituent un "risque opinion", avec pour objectif de limiter les répercutions politiques négatives. Et au final, "aider le ministère à calculer le retour sur investissement pour cette opération". Bien entendu, il ne s'agit en rien d'une opération politique. Promis, juré, kraché ! Simplement un nouvel outil pour améliorer l'Education, optimiser les réformes, et ainsi compenser les salaires exorbitants alloués à ces Bac+5 qui passent leur temps à surveiller les siestes des enfants ou leur changer les couches.
Extraits :
5.1 Présentation
5.1.1 Objectif
Le dispositif de veille en question vise, en particulier sur Internet, à :
Identifier les thèmes stratégiques (pérennes, prévisibles ou émergents)
Identifier et analyser les sources stratégiques ou structurant l’opinion
Repérer les leaders d’opinion, les lanceurs d’alerte et analyser leur potentiel d’influence et leur capacité à se constituer en réseau
Décrypter les sources des débats et leurs modes de propagation
Repérer les informations signifiantes (en particulier les signaux faibles)
Suivre les informations signifiantes dans le temps
Relever des indicateurs quantitatifs (volume des contributions, nombre de commentaires,audience, etc.)
Rapprocher ces informations et les interpréter
Anticiper et évaluer les risques de contagion et de crise
Alerter et préconiser en conséquence
Les informations signifiantes pertinentes sont celles qui préfigurent un débat, un « risque opinion
A lire le document
Cahier des clauses particulières - Veille de l'opinion