Souce Libération 27/03/2008
La grogne s’amplifie depuis le 15 février contre le projet de réduction des effectifs enseignants et non-enseignants dans l’Education nationale.
Entre autres, à Toulouse le collège en zone ZEP de Bellefontaine est ainsi en grève pour ces raisons depuis le 18 mars. Près de Saint-Gaudens, c’est l’école primaire de Sengouagnet et ses parents d'élèves qui se mobilisent contre les fermetures.
Á leur tour, les enseignants du lycée Pierre d’Aragon de Muret promettent une «occupation nocturne» de leur établissement ce lundi 31 mars. Ils expliquent le mouvement des profs :
«Nous ne menons pas un combat corporatiste ! Les enseignants refusent d’accomplir les heures supplémentaires correspondant à des suppressions de postes. La surcharge de travail ou la surcharge des effectifs entraînerait en effet une dégradation réelle de l’enseignement qu’ils ont le devoir d’assurer auprès des élèves.
Les élèves ne sont pas des machines ni du matériel interchangeable, mais des personnes charmantes et intéressantes, même lorsqu’elles sont parfois indisciplinées, qui réclament une attention de chaque instant et une écoute réelle.
C’est pourquoi, le premier mouvement des enseignants consiste, dans ces conditions, à refuser de gagner plus d’argent (trois ou quatre heures supplémentaires représentent près de 400 euros).
Cela peut paraître étonnant, mais nous affirmons ici, que la plus grande partie des enseignants veulent gagner leur vie honnêtement, c'est-à-dire sans nuire à leurs élèves.
Les suppressions de postes correspondent pour moitié seulement à des départs en retraite. De jeunes professeurs arrivés à leur poste voient celui-ci supprimé. Par ailleurs, chaque départ en retraite non remplacé entraîne souvent la suppression d’une classe, le regroupement des élèves dans des classes surchargées, soit 36 élèves ou plus …
La suppression programmée par le gouvernement de 8000 postes d’ici 2012 ne signifie cependant pas nécessairement 8000 enseignants en moins. Ils seront seulement de plus en plus précarisés ou bien affectés sur deux ou trois établissements.
En dégradant la stabilité des équipes, on détruit plutôt qu’on ne construit des pédagogies cohérentes pour les élèves.
Il s’agit pour l’Etat de faire des économies dans le plus gros de ses budgets, celui de l’Education. Ces économies sont présentées par le Ministre comme le résultat d’une simple réorganisation des affectations d’enseignants.
En fait, il y aura suppression de classes et regroupement des élèves de niveaux différents pour l’enseignement du latin, du grec, de l’anglais et de l’allemand et disparition des options Arts plastiques et Éducation Musicale,..
Derrière cette «réorganisation» se profile un appauvrissement du nombre des matières à enseigner (Livre Blanc du Ministre de L’Education).
Les Rectorats font des moyennes surprenantes qui reviennent à additionner les pommes et les carottes, ce qui aboutit à d’étranges calculs : «si on additionne tous les élèves de Secondes, de Premières, de Terminales et qu’on divise par le nombre de professeurs, cela donne 25 élèves par enseignant, et donc tout va bien»…
Enfin, la «qualité de l’enseignement» concerne autant les élèves que les professeurs. Selon les rectorats ou le ministère, elle serait réalisable même dans des classes surchargées. Nous désirons savoir ce qui justifie une telle affirmation que nous contestons».
Les professeurs du Lycée Pierre d’Aragon à MURET (Haute Garonne)