M. Darcos enjoint les lycéens à "ne pas poser tout ça en termes mathématiques"
Xavier Darcos a estimé jeudi qu'avec un professeur pour onze lycéens, il faut que "nous repensions l'organisation de nos services". "Ce n'est pas simplement en protestant contre une classe à trente-six élèves quand on est trente-quatre que nous réglerons les problèmes du lycée", a-t-il continué sur France Culture.
S'il a assuré "comprendre l'inquiétude des lycéens", et ne pas "du tout sous-estimer leur demande en matière éducative", le ministre de l'éducation a ajouté qu'ils étaient "pris dans une autre logique, qui est celle des syndicats", et les a enjoints à "ne pas poser tout ça en termes mathématiques". "Moi même, je ne sais pas, ils ne savent pas comment s'organisera leur classe à la rentrée prochaine, ce n'est pas vrai, ils n'en savent rien", s'est-il agacé.
Evoquant une "école à la traîne", il a appelé les lycéens, qu'il doit recevoir la semaine prochaine, à participer à la"réforme du lycée", jugeant que le baccalauréat est en comparaison "une question presque secondaire". Selon le ministre,"il faut que nous réformions, que nous fassions un lycée plus moderne, une terminale qui prépare à l'enseignement supérieur, que nous préparions mieux les lycéens à la compétition d'aujourd'hui". – (Avec AFP.)
La réforme du bac. Concernant les bacs généraux, M. Darcos veut revaloriser les séries littéraires. Il préfère parler d'une nécessaire "évolution" des filières du lycée, où les élèves seraient "mieux répartis". Mais les enseignants et les élèves en concluent qu'une réforme est en vue, qui va réduire les options, et dont le but est d'économiser des postes.
Le même soupçon pèse sur la généralisation du bac professionnel en trois ans (soit comme les autres baccalauréats). Une moitié des syndicats des lycées professionnels approuve, l'autre y voit la volonté de faire des économies.
L'évolution du métier. La Commission pour l'évolution du métier d'enseignant, constituée en septembre 2007, a rendu le 4 février son rapport ou "livre vert", qui devrait être suivi d'un "livre blanc" exposant les choix du ministère. Mais le processus est en panne tant que la question budgétaire reste en suspens. Les enseignants se méfient de tout ce qui assouplirait les statuts. Parallèlement, le chef de l'Etat et le ministre de l'éducation ont évoqué une "revalorisation" et promis de "mettre le paquet" sur les jeunes enseignants. Ils ont ainsi fait lever des espoirs qu'ils ne peuvent décevoir sans risques.
La réforme du primaire. Elle avait commencé en septembre avec l'annonce de la suppression du samedi matin, suivie d'une concertation sur la manière de consacrer aux élèves en difficulté le temps ainsi libéré. Mais les projets de programmes annoncés le 20 février suscitent une contestation comparable à celle provoquée en 2006 par Gilles de Robien sur la lecture. Seule la frange "antipédagogiste", soit une minorité de la profession, approuve. Les autres demandent un moratoire.
Persuadé d'avoir l'opinion de son côté, M. Darcos veut passer en force. Cette perspective lui a valu une standing ovation des députés UMP mercredi 2 avril à l'Assemblée. "Dans l'éducation, on ne vit plus sous l'empire de la grande réforme, expliquait-il pourtant en octobre 2007. Lorsque vous montez une citadelle, vous déclenchez l'assaut général. Ce qu'il faut, c'est un processus de lente appropriation."